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Un autre mois derrière nous et une autre ascension vers des sommets inégalés pour bon nombre d’indices boursiers. L’ampleur de ce marché haussier a vraiment de quoi impressionner, et le fait que personne ne s’y attendait le rend d’autant plus agréable. Comme pour les Blue Jays, les attentes en début d’année étaient faibles, mais elles ont toutes été surpassées, même s’il n’y aura pas de parade en fin de compte.

Les investisseurs ont pris l’habitude d’envisager de la volatilité à l’automne, lorsque les esprits se tournent vers la nouvelle année qui s’en vient. Toutefois, la saisonnalité n’a pas fait des siennes cette fois-ci. Après avoir navigué le passage dangereux d’août à octobre, il semble acceptable de prévoir un élan soutenu à la hausse jusqu’à la fin de l’année.

Plusieurs se soucient cependant des bénéfices. Les valorisations se situent à des niveaux historiquement hauts, aussi pour que les marchés continuent leur ascension, les bénéfices auraient à croître davantage. Devant l’incertitude entourant les tarifs et les guerres commerciales, il est de plus en plus difficile d’émettre des prévisions à cet égard. Si on ajoute à ceci la faiblesse du marché immobilier résidentiel, les inquiétudes suscitées par le crédit privé et les difficultés éprouvées par le consommateur au bas de l’échelle, les risques semblent se multiplier. Cependant, forts du soutien accordé à l’IA et de la santé des bilans financiers des entreprises, les marchés continuent leur marche.

En octobre, ce sont les zones dites « sécuritaires » du marché qui ont moins bien tiré leur épingle du jeu. De leur côté, l’or et l’argent profitent d’une des meilleures années à vie. Il reste que rien ne monte en flèche sans redescendre, et la gravité a rattrapé certaines de ces marchandises et a causé de la volatilité au milieu du mois. Ce thème est loin d’être révolu cependant, mais une réinitialisation était nécessaire. Peut-être cela a-t-il du sens. Si tout va rondement, pourquoi se munir d’une police d’assurance?

Alors, qu’est-ce qui pourrait venir mettre des bâtons dans les roues à cette remontée? La saison des bénéfices s’achève au-devant des prévisions, minimisant ainsi ce risque. En outre, les banques centrales restent favorables aux marchés puisqu’elles ont instauré une nouvelle série de baisses de taux avec la possibilité d’en voir d’autres à venir. Pour rendre les choses plus intéressantes, la paralysie du gouvernement américain empêche la publication de données économiques à court terme. Du côté du commerce, les tensions semblent diminuer entre Trump et la Chine, et des ententes ont été conclues avec d’autres pays. Le Canada demeure, il semblerait, le dernier souffre-douleur : peut-être était-ce une bonne idée d’avoir laissé gagner les Dodgers pour éviter d’empirer les choses?

Tout un lot de bonnes nouvelles a déjà été pris en compte par les marchés et la complaisance qui y règne est une source valide d’inquiétude. Vous n’entendez jamais le son de la balle qui vous tue, ainsi le plus grand risque qui nous guette maintenant en est probablement un qui est inconnu pour l’instant. Beaucoup de liquidités demeurent sur la ligne de touche, prêtes à bondir dès que le marché fléchira quelque peu, ce qui devrait limiter les dégâts. Les investisseurs jouissent d’une excellente l’année, à la surprise de plusieurs. Néanmoins, il reste encore deux mois pour terminer l’année et nous savons comment il a été difficile de retirer les deux derniers joueurs à la neuvième manche.

Greg Taylor, CFA
5 novembre 2025